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L'épuration ou les femmes tondues en Dordogne - 1944

Publié le par Nadina

A partir de mars 1944, la Dordogne va subir les affres des divisions allemandes, notamment la ' Brehmer' et la ' Das Reich', division SS de sinistre mémoire  . Elles traquaient les résistants, les maquisards et les Juifs  mais cette dernière a marqué l'histoire pas son passage à Tulle et à Oradour sur Glane.
Tant de haine et tant de tensions se sont libérées à la fin du mois d'août , ce qui a eu pour résultat des délations parfois totalement injustifiées. 

Les actions épuratoires  de 1944 en Dordogne ont été particulièrement sévères .Ces femmes, ces jeunes filles, par insouciance , inconscience ont commis l'irréparable . Elles ont franchi  des interdits, elles ont couché avec l'ennemi, soit par amour, soit par profit.

L'adultère avec l'ennemi !!

 Il a été reconnu que,  pour la plupart, le mari était prisonnier et il n'en fallait pas moins au voisinage pour 'surveiller ' . Mais  beaucoup étaient aussi prostituées !

Femmes tondues sur les marches du tribunal de Bergerac - Photo Bondier

Femmes tondues sur les marches du tribunal de Bergerac - Photo Bondier

Elles sont amenés sur la place publique, bien souvent sur les marches d'un tribunal, comme ici à Bergerac . L'impact était tel que cette punition publique se devait d'être devant un tribunal . C'était rendre justice  que de les tondre et d'appliquer une croix gammée sur leur front.
On les y amenait à moitié dénudée et la foule jubilait, en les insultant, en riant de leur déboire . C'était hystérique !! et c'était une fête !

Ces épurations sauvages ont été le fait pour la plupart de chefs de maquis locaux. C'étaient donc une épuration réfléchie et programmée et l'appel à délation était  sollicitée!

 

Entre 1943 et 1946 , 20 000 femmes furent tondues mais seulement  la moitié furent accusées de 'collaboration horizontale'. On ne cherchait plus la vérité et  morale et politique étaient mélangées. Elles se trouvaient dans une situation de soumission sans comprendre ce qu'il leur arrivait .

Cérémonial avilissant… sans parler de toutes celles qui furent "Tondues" pour des crimes qu’elles n’avaient pas commis, sur dénonciation, “pour l’exemple”…

 

Des hommes aussi subirent le même sort, non pas pour des raisons sexuelles comme les femmes mais pour manque de courage ou de virilité, collaboration ou encore pour travail volontaire pour les Allemands. 

A Bergerac, c'était la "coupe 44" !!

 Sept départements au moins connurent ces hommes tondus .

 

La "TONDUE " est plus coupable de ne pas avoir souffert que d'être réellement complice des violences de l'occupant .

Après des épurations sauvages, furent instaurées des cours de justice. dans un document du 23 mars 1944, le Conseil National de la Résistance définit les statuts des Comités Départemenataux de Libération. Il y est dit notamment dans l'articel 5 que des mesures immédiates d'épuration et neutralisation des traitres seront mises en place pour faciliter la tâche des pouvoirs publics .

Un tribunal militaire (27 octobre 1944) puis une cour de justice le 6 novembre 1944 seront mises en place à Périgueux .

 

Le nord de la Dordogne a accueilli les principaux camps de détention de prisonniers soumis à l'épuration :

- le 35è RAD ( Régiment d'Artillerie Divisionnaire ) à Périgueux,

- la maison d'arrêt de Beleyme.

Le maire de Périgueux, Louis Feyfant et le préfet , Maxime Roux ne s'entendent pas quant aux conditions d'emprisonnement des détenus, tant et si bien que le maire dégage toute responsabilité et met le préfet au pied du mur au cours de l'été 1944 en le menaçant de démissionner .


Quant au sud, il a  abrité les camps de Mauzac ( Nord et Sud ). Ces derniers ont enregistré le 18 mai 1946 1740 détenus. Du 1er novembre 1940 au 2 mai 1945, le camp nord a le statut de prison militaire puis de centre pénitentiaire. Du 22 octobre 1947 au 15 février 1951, seules des femmes ont été enregistrées dans le camp sud  .Aujourd'hui, c'est un centre de détention pour détenus en fin de peine.

 

Le 15 février 1951, le camp Sud est entièrement vidé : les 334 dernières détenues « politiques » encore présentes à Mauzac sont transférées à la maison centrale de Rennes, entraînant ainsi la fermeture définitive de la prison pour femmes de Mauzac.

 

Photo Bondier

Photo Bondier

Plus de soixante après, parler d'Épuration reste encore sensible  

 

 

Et le poème bien connu de Paul Eluard,   Au Rendez-vous allemand, porte précisément en exergue la phrase :

"En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait les filles. On alla même jusqu'à les tondre".

 

Source : http://www.coeurssansfrontieres.com - http://liberation.3945.free.fr

 

 

 

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